Mardi 28 octobre 2014
Appris ce matin par un SMS de R. L. le décès de Grégoire Delaune pour des raisons non-élucidées. Bien triste de perdre ainsi cet ami d'enfance. Brrr, ça fait bizarre. Au dernier séjour berrichon il m'avait semblé qu'il n'allait pas bien, peut-être aurions-nous du plus nous bouger.
Lundi 27 octobre 2014
Aujourd'hui levé avec un horrible mal de tête, les jambes tremblantes, un corps brûlant, et vomi deux fois. Quitte à être à cette altitude où l'air est suffocant et les muscles douloureux, j'ai décidé de me remettre à écrire. Mais ce n'est pas si facile, je souffre d'un cruel manque d'inspiration.
J'ai appelé M. le soir et lui aussi a eu un gros coup de pompe ces dix derniers jours, au point qu'il est allé consulter et que le médecin lui a donné des vitamines.
Mardi 21 octobre 2014
Je me remets doucement au travail, et récupère des jours passés.
Appel de ma docteure : c'est bien de manger de la salade, mais il faut que j'y ajoute plus d'huile.
Vendredi 17 octobre 2014
La nécessité de mettre en place un rythme, une manière de travailler. Pas si facile. Et se plonger dans les trucs et les machins, et avancer. Difficile d'allier l'apprentissage de la langue, le relationnel de l'enquête de terrain, la prise de notes, le travail sur les stat, le travail de documentation.
-2 idéaux qui se sont envolés :
1) l'idée de progrès, que la prochaine génération vivra mieux que la précédente, celle des enfants mieux que les parents
2) l'idée perdue, selon le sociologue US ayant écrit sur la pauvreté dans la revue Contretemps, que la socio et les matériaux empiriques servent à changer le monde
-Clair aussi que ma recherche prend le contre-pied de 2 courants de recherche en sciences sociales :
1) l'approche par les politiques publiques, typiquement économétrie sur l' "effet du chômage", que je trouve ennuyeuse, il y a une perte de sens, il y a un manque de nécessité
2) la sociologie qui se spécialise par domaine de plus en plus, qui travaille sur une épingle à cheveux, alors que je prends le parti de faire du transversal, de traverser plusieurs domaines de la vie sociale
Jeudi 16 octobre 2014
Ca y est, je suis arrivé. Je me sens vidé, épuisé, sans énergie, j'ai vraiment besoin de souffler et donc c'est ce que je m'attache à faire. Je suis balotté au gré des occupations et essaye de donner le change tant bien que mal, en espérant que ça ne prête pas à conséquence.
Aujourd'hui piscine à 12h45 pour 65 longueurs, très agréable, plein de pensées qui me traversent l'esprit.
Notamment cette image qui revient d'un personnage de jeu vidéo, "Super Sonic" dans mes souvenirs, qui fait tout un parcours et lorsqu'il est touché par une pique ou par une bête ennemie fait un grand saut au milieu de l'écran synonyme de mort, "game over". J'ai cette image qui me revient souvent en tête, en espérant que ce ne soit pas un synonyme de mort prochaine ou un mauvais présage quelconque. Je rêve peu, parce que je me réveille brutalement avec le réveil-matin et il paraît que ça rend plus difficile de se souvenir. Nous avons tous des images ainsi qui nous rebattent les neurones. Dans la même série, il y a cette image que je mange du plâtre, ou plutôt de la porcelaine, d'une sous-tasse, je le fais sous une injonction, mais comme si c'était naturel.
Petit moment d'allègre pause après la piscine, je me commande un menu au restaurant local, je suis tout seul à la terrasse ombragée avec quelques nageurs qui entrent ou sortent, et au loin j'entends les enfants, métaphore de la vie qui tourne et dont l'espace d'un instant je suis en retrait, ce que j'adore - moi qui monte au créneau ici et là par ailleurs.
Une idée de titre : "La vie qui coule"
Mardi 14 octobre 2014
Aujourd'hui c'est le départ, tôt ce matin pour prendre l'avion à 7h30 à Charle-de-gaulle, j'arrive un peu juste et suis obligé de me hâter pour l'enregistrement des bagages et les contrôles. J'ai lu quelques poèmes du livre de poésie En legitima defensa sur la crise que m'a passé Jorge et que je vais lui rendre ce séjour. Le style est très tragique, enflammé, ronflant parfois, avec beaucoup de "sangre" (sang), "dolor" (douleur), et "alma" (âme). C'est un mode de discours sur le monde tout à fait différent de celui des sciences sociales. J'ai rappelé l'autre jour aux élèves cette évidence, à partir d'un texte qui me semblait un archétype de l'article sociologique contemporain, que le discours sociologique n'était justement qu'un mode de discours sur le monde parmi d'autres possibles (le cinéma, la poésie, ...).
Puis je m'endors et ne me réveille qu'en bout de piste à Barcelone.
J'ai très mal dormi et je suis tout retourné. C'est toujours ainsi les départs, il faut se laisser couler. Arrivée magnifique à la station de train Sants de Barcelone, temps couvert, mais très chouette impression de la ville où se mélangent de vieux espagnols avec de jeunes dynamiques. Brève rencontre avec un immigré marocain passé par la Belgique, et qui travaille dans un "almacen" (entrepôt) de 5h à 10h du matin, puis de 12 à 16h. Je m'installe à une terrasse d'un petit café pour boire un "cortado" (petit café coupé au lait) avec un "bocadillo" (petit sandwich pour la pause de 11h). Les mots espagnols me reviennent comme par enchantement, comme s'ils avaient toujours été là. L'ambiance me semble beaucoup plus détendue qu'à Paris, difficile de dire si c'est moi qui suis différent. Une tournure comme "difficile de dire" indique que ma mue n'a pas encore tout à fait lieu.
Je savoure néanmoins ce petit moment, l'impression du devoir accompli lors de ce mois et demi à Paris, entre les cours et les différents papiers à rendre. J'en profite pour lire "El Païs" pour la première fois depuis 2 mois, et pour feuilleter de ci, de là - c'est la non-nécessité qui est agréable - un article de recherche.
Samedi 11 octobre 2014
Je repense à mon texte sur la stigmatisation des chômeurs, et pense qu'il manque encore plusieurs articulations.
Lundi 6 octobre 2014
Ce soir suis allé tout seul chercher un plat de sushis au vendeur du coin, avec l’envie de marcher dans la pluie et de voir les gouttes dans les phares des voitures. Tristesse infinie, solitude inouie.
Dimanche 5 octobre 2014
Que le temps passe vite ! Bientôt un nouveau départ vers l’Espagne, mes traits qui se tirent, un grand besoin de me reposer et de me re-prendre.
Hier journée d’étude des « Jeunes Chercheurs en Etudes Africaines » (JCEA) à la Sorbonne, c’était pas mal d’être reçu dans le salon décanal (signifie "relatif au Doyen") de la Sorbonne, très chic, place du Panthéon. Les africanistes, surtout des femmes, m’ont paru faire groupe, l’organisation était bien faite, la doctorante qui m’avait ramassé par mail très belle (inévitablement, d’une certaine manière), et j'ai revu telle autre que j’avais rencontré à une grève SNCF l'année dernière. Au début je ne savais pas trop comment me comporter avec les autres, j’ai éprouvé un certain malaise. Ensuite j’ai fait ma présentation, plein d’assurance sur un terrain que je connais bien. Je ne sais pas très bien quoi penser de cela, je n’en ai pas fait le tour.
Vendredi 3 octobre 2014
Aujourd’hui lever à 7h, enchaîné avec la préparation du cours de statistiques qui m’a ensuite occupé de 14 à 18h. C’était un cours difficile, de finissage de l’analyse factorielle et d’introduction à une nouvelle méthode statistique (régression) qui n’est pas facile à faire comprendre. Du coup, j’étais tout heureux mais planant au moment de retrouver A. L. qui a pu finalement se libérer ce soir.
Lu quelques lignes de Bauchau ce soir, avec une saveur particulière après l’histoire qu’a racontée Betty et que je raconterai sûrement ici un jour ou l’autre. J’admire son abnégation dans l’écriture, celle-là même que je n’arrive pas à trouver et que je vais chercher en Espagne, en terre étrangère.
Je suis fatigué et pourtant je sens que je dois me mettre à la préparation de mon allocution au colloque de demain, si je ne jette pas une première esquisse ce soir ce sera problématique.
J'ai lu aussi beaucoup de sciences sociales ces derniers temps, évidemment, mais les notes à ce sujet ne sont pas mûres.