Mardi 27 octobre 2015

            Ce matin ma bonne volonté culture m'a amené pour la première fois de ma vie à un cours de valencien, cette langue entre le catalan et l'espagnol, amusante parce que ponctuée de fortes sonorités telles que "aouh" et "em" souvent prononcés très fort et brutalement. Etonnante aussi par son évolution actuelle où elle revient au devant de la scène, là où elle n'était presque plus parlée en dehors des villages reculés la voilà qui revient comme une marque de distinction jusqu'au plein centre de Valencia. Une prof top-model, un basque à mes côté qui s'appelle Aritz et dont les parents habitent à côté de chez Aduriz, ce joueur basque de Bilbao qui marque but sur but. Mais cet Aritz n'aime pas le foot.

Jeudi 22 octobre 2015

            Ce soir avait lieu dans un quartier la première réunion publique de la commission municipale citoyenne. Celle-ci est une initiative prise par la nouvelle majorité élue aux élections municipales de mai dernier, avec l'idée d'en changer un peu le fonctionnement pour que dorénavant les habitants participent plus et les partis politiques moins, le genre de réforme prônée par les divers mouvements citoyens qui ont émergé en Espagne ces dernières années.
Eh bien, il y avait une centaine de personnes alors qu'avant c'était déserté, des petits papiers via lesquels chacun pouvait mettre une question à l'ordre du jour : un groupe de militants du mouvement du 15-M qui demande que cette assemblée ait lieu plus souvent (mensuellement plutôt que tous les trois mois), un mec qui une telle assemblée pour son village qui est en bordure de Valencia, un propriétaire de chiens pour que le parc soit ouvert de nuit et qu'il ne soit plus pris comme un drogué par les flics, la chômeuse que je suis depuis maintenant plus d'un an pour une subvention du local de son collectif et des aides pour préparer les concours de la fonction publique, un représentant d'une association carnavalesque locale qui demande en valencien que les jardins urbains soient aménagés pour cultiver des oignons ("cebollas"), des courgettes ("calabacínes"), et des aubergines ("berenjenas"), une demande pour qu'on limite les nuisances sonores d'un bar réputé du quartier et que soient aménagés plus d'espace pour les jeunes, une déclamation d'encouragements enthousiastes, la réouverture d'une ligne de bus qui a été supprimée par le gouvernement précédent et qui relie le quartier à l'hôpital de la ville, une régulation du mouvement de squats qui depuis peu prend corps dans le quartier et génère des tensions.

On se serait crus aux doléances de la révolution française. Les deux représentants du Parti Populaire (PP), habillés caricaturalement en bleu, n'étaient pas à l'aise, la représentante du Parti Socialiste (PSOE) qui présidait l'assemblée un peu perdue et qui n'arrêtait pas de dire que c'était la souveraineté populaire qui devait décider de tout et se féliciter de l'engouement. Plusieurs militants de Podemos et du 15-M qui étaient toute à leur affaire, à qui médecin, à qui directeur culture, croyant la démocracie locale enfin advenue. Aucun immigré et aucun moins de 35 ans.

Dans ce contexte où le dispositif politique ne lui est plus favorable parce que reviennent à la politique institutionnelle des personnes qui n'y étaient plus et où du coup apparaissent de nouvelles lignes de fractures économiques, quelle va être la réaction de la droite ?

Mardi 20 octobre 2015

Je tiens le rythme de retranscription des entretiens, pour l'instant 3 par jours soit 6 depuis hier, ce qui est plutôt pas mal.

Je vois au ralentissement de la cadence de ma boîte mail que ce sont les vacances en France.

Lundi 19 octobre 2015

Vu "Irrational man" de Woody Allen (2015, 1h50). Un peu de gras et quelques ficelles, mais troublant malgré tout. Il faudra que je prenne des mesures.

Dimanche 18 octobre 2015

Ca faisait longtemps que je n'avais pas connu une une soirée d'apaisement comme hier, où les pensées serpentent/tanguent au gré des écoutes du match de rugby où la France a pris une touille, d'un entretien de Julian Mischi à propos de ses recherches sur le Parti Communiste Français (PCF), de Cantona qui a du panache et parle de ses anciens entraîneurs en ces termes : la primauté irremplaçable de la passion, l'importance de trouver les mots pour motiver les joueurs, la capacité de faire chaque match comme si c'était le premier ou le dernier, bref tout ce qui permet de ne rien lâcher.

Peut-être cette détente est-elle à mettre sur le compte de deux textes qui vont bientôt sortir de l'établi et sur lesquels je renâcle depuis des semaines ? Les deux sont imparfaits, mais l'un peut être envoyé l'un à T. P. sans trop rougir, et pour l'autre la balle est dorénavant dans le camp du co-auteur.

Demain puis lundi ce seront de nouvelles affaires assez techniques d'estimation statistique, de tout aussi fastidieuses retranscriptions d'entretiens, et de conceptualisation du changement social et (donc ?) politique en Espagne.

Samedi 17 octobre 2015

Eh voilà, il est arrivé ce retour en Espagne. Bon accueil de R. et D., tels qu'en eux-mêmes, manifestement contents de me voir mais tout à leurs affaires.

Hier soir scène insolite due au fait qu'un mec de la bande de copains de R. se marie ce week-end. Tous redoutent la noce, à l'église puis à un repas trop cher à leur goût, qui n'en finit pas et gâche un samedi soir qu'on aurait pu passer entre copains, et où il faut bien se tenir en présence des familles. Mais hier à une heure du matin ils se sont tous arrachés du bar pour aller peindre des moqueries et des dessins obscènes devant l'immeuble des parents du marié, lequel habite par coincidence juste au-dessus de chez nous. La peinture blanche est bien fraîche et dégouline des rouleaux sur l'asphalte et les pieds qui traînent. Les mecs étant avec leur bouteille ou cigarette à la main, ce sont les copines qui écrivent et dessinent avec une certaine habileté. Certaines sont magnifiques. Petite blague, on réitère la même opération devant la maison d'un autre mec de la bande, qui lui par contre n'est pas du tout prêt de se marier.

Le lendemain, drôle d'effet pour toute la famille qui vient chercher le marié à la maison de ses parents en marchant et en jettant des roses au milieu des bites et des vagins soigneusement dessinés au sol ! Mais il s'agit manifestement d'une coutume, la ville est en fait parsemée de ces marques au sol, ce qui m'avait échappé jusque-là. Bref, loin loin de ce petit groupe de potes les questions politiques du moment, mais de ce côté c'est la désolation - à propos de laquelle j'écrirai un autre jour.

Mercredi 14 octobre 2015

Etonnant comme parfois des mailing-list en sommeil s'animent d'un coup : celle-ci à propos de l'indemnisation du chômage lorsqu'on est en doctorat, celle-là d'un groupe de collègues qui envisagent de faire ensemble une recherche collective sur le FN, telle autre lancée par une grande ponte qui a décidé de monter au créneau pour défendre des amendements sur l'accès aux données de la statistique publique et aux articles de revues scientifiques. "C'est à la fin de la foire qu'on compte les bouses" comme diraient les libéraux ou les Berrichons.

Lundi 12 octobre 2015

Je suis à la peine pour finir ce document de travail sur les inégalités sociales en Europe et plus particulièrement en Espagne. Les bases de données statistiques sont lourdes à manier, le propos à élaborer n'est pas clair, la démonstration encore en germe. Ca m'agace, et en même temps ce temps de maturation est incompressible. J'ai l'impression de perdre mon temps et que ça n'avance pas, et pourtant, imperceptiblement, pesamment, ça évolue.

Égaré bêtement l'article avec les bons mots du commentateur Bernard Laporte pour parler du rugby, que je ne peux donc pas partager ici. Mes transbahutages du moment les ont comme passés par-dessus bord.

Dimanche 11 octobre 2015

Vu aujourd'hui avec T. et des amis à elle "Le plein de super" (1976), une fiction d'Alain Cavalier où tout roule admirablement, où l'expression d'agacement "ça suffit maintenant" a encore cours, et où les questions des inégalités sociales et de l'usage du son au cinéma ne sont pas éludées. Film qui amène aussi à se demander jusqu'à quel point "suranné" et "suret" ont en commun : on aurait envie de dire que le film aurait peut-être des deux, pas encore aigre ou rance.

La nouvelle du jour : Chantal Akerman s'est suicidée la semaine dernière, à 65 ans.

Vendredi 9 octobre 2015

-Le fracas, la rigolade, les sanglots

 

-la componction du langage politique, enjeu à la fois hilarant et dramatique sur lequel il y aurait à dire

 

-les liens entre lassitude, complaisance, et décadence

Mardi 6 octobre 2015

Séjour à Chassingrimont perturbé par des conneries logistiques/administratives et des collègues chercheurs qui ne me rendent pas vraiment la pareille, ce qui a l'art de m'agacer/me mettre en rage/fureur. Heureusement, jusqu'à présent ça arrive plutôt rarement.

Et ce n'est pas la lecture du petit livre (110 pages) de Stéphanie Maurice (édition du Seuil, collection "Raconter sa vie") sur le tuning qui m'a redonné le sourire. Au contraire, il m'a bien déçu car la description de ces "tuneurs" reste superficielle, sans intérêt pour la place de cette activté dans leur vie, sans données objectives (quels sont leurs activités professionnelles ? Combien ça coûte ?), sans attention pour d'éventuels clivages internes. Comment ces personnes viennent à cette activité qui consiste à "customiser" sa voiture, avec des autocollants, des changements de pièces originales par d'autres qui en jettent (pot d'échappement, carroserie, aileron, décoration antérieure) ? Il y a des éléments dans sa description, mais peu, lacunaires, et sans qu'on sache comment ils ont été trouvés et quel poids le lecteur doit leur accorder. Cet échec ne m'empêche pas de continuer de croire qu'en réalité ce "tuning" si souvent méprisé en dit long à la fois sur les classes populaires qui s'y adonnent et sur la place de la voiture dans nos sociétés. Il reste là une belle description à faire, mais il faudrait s'y coller.

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  • « Je m'appelle Pit, alias Corto Jardenn Bonaventure, j'ai fait beaucoup d'études et puis j'en ai eu marre, alors j'ai fait une pause avant de reprendre - histoire de m'interroger encore un peu. Entreprise ratée ou réussie, je ne sais. Je suis jeune, avec tout ce que ça suppose de parti pris, d'audace, de certitudes absolues, de désarroi, et de ratés. »