Samedi 30 novembre 2014
Aujourd'hui pluie sur la petite ville de banlieue de Valencia où je fais mon étude de terrain pour ma thèse. Pluie fine et inconstante, mais suffisante pour que tout soit détrempé. Comme je connais maintenant bien les cafés de la ville, j'opte pour les arcanes de la plaza Mayor, abrités de l'eau. Place très propre, très nette, de grandes dales rendues glissantes par une mince pellicule d'eau déchirée par les ronds des gouttes.
Moment où on se demande si on va y arriver, où les notes quotidiennes s'enchaînent, parfois une dizaine de pages, semblent vides de sens, où on ne sait plus pourquoi accorder plus d'importance à ceci qu'à cela. On croit alors qu'une bonne nuit de sommeil y changera quelque chose, et de fait ça aide puisqu'elle permet la prise de distance à l'origine de ces lignes, mais rien de plus. Epuisement d'apprendre laborieusement l'espagnol depuis des mois, de nouer des contacts, de multiplier les situations où le social se donne à voir et qu'il faudra ensuite transcrire au mieux. Une des difficultés est alors, déjà bien formulée par certains anthropologues (Weber, 1905, Geertz, 1978), de réussir à distinguer le clin d'oeil naturel de celui de la complicité, et d'identifier à quoi celle-ci renvoie, avec qui, comment, pourquoi, d'où, etc. Clin d'oeil signifiant qui en amène un autre, puis un autre, puis ... Emboîtement dans lequel on se perd avec plus ou moins de tournis. Dans cette difficulté, des points de raccord : des statistiques beaucoup moins aggripantes et bordéliques, des appels skype d'amitiés de là-bas, et d'autres qui naissent ici. Des joies, des soutiens.
Samedi 29 novembre 2014
Pensé au nouveau film des Dardenne vu avec Diana y Rafa, au film "Pater" d'alain cavalier dont me parle maman, au bouquin du journaliste-essayiste Owen Jones : le point commun est 1/ qu'ils manquent la nécessité, c'est-à-dire qu'ils nous laissent avec le sentiment que c'est comme ça mais que ça pourrait être autrement 2/ qu'ils sont bavards, qu'ils pourraient être plus ramassés.