Dimanche 3 janvier 2016
Aujourd’hui film avec R. à Paris : l’histoire de trois sœurs japonaises célibataires pleines de féminité et de malice. Cela casse l’image de rudesse que nous Européens pouvons parfois avoir de ce pays. Beaucoup de douceur et d’harmonie au milieu d’histoires d’amour pourtantsans cessebrisées. Ca m’a donné très envie de manger japonais, aussi en sortant je me suis payé des sushis pour dîner.
Lointain écho avec « 21 nuits avec Patie » vu l’autre jour : décidément nous enchaînons les bons films qui traitent de près ou de loin d’histoires d’amour, à croire que cela nous obsède.
Ca a mis un peu de tempsà venir après internet, mais cette fois ça vient : le service de taxi « à la demande » Uberqui casse le dos des taxis officiels, Airbnbcelui des hôteliers. Evolution qui va probablement envoyer au tapis les entreprises qu’on a connues. Dorénavant chacun-eva avoir son petit commerce, quel désastre.
Samedi 9 janvier 2016
Ce matin formation sur le FN avec le Parti de Gauche à son siège, dans le 18èmearrondissement (voir mes notes).
La tête sans doute inutilement travaillée par l’inconnue de savoir où j’atterirrai l’année prochaine.
En tous cas à plus court terme j’ai répondu à A. que j’acceptais son offre de m’héberger quelque jours lors de ma prochaine arrivée à Londres, « le temps de trouver quelque chose ».
Samedi 16 janvier 2016
Je vois le séjour parisien qui tire à sa fin, et qui aura été comme à chaque fois très dense et donc assez fatigant, mais plutôt bon : j’ai pu faire beaucoup des choses que j’avais notées hormis lire des sciences sociales, j’espère sans en avoir oublié trop.
Ce matin je me pose dans le PMU chinois du coin de la rue de Marin & Alex, pour me réveiller et faire le point, regarder les jours passés, et noter des impressions.
L’entretien avec Viannet à Lyon et l’entente avec J. se sont très bien passés. Nous avons sans doute bien fait d'y aller, et à ce moment-ci car il est quand même fort âgé et sa santé vacille. Mais j’ai été vraiment touché/attristé justement par son grand âge et la vieillesse qui sont descendus sur lui, et des histoires de révolution de palais dont il était manifestement sans arrêt question au sein de la CGT et du PCF.
J. continue de se positionner comme enseignant-chercheur médiatique de gauche : il a écrit une tribune pour Libé à propos de l’affaire de Goodyear (condamnation de 8 anciens salariés syndiqués qui ont séquestré deux cadres), suite à une journaliste qui l’a sollicité.
Petit regret de n'avoir pas vu Combemale ce séjour mais il semblait très pris et je n’ai pas insisté.
Ca avance pour le FN et l’atelier de recherche que je songe à lancer dessus, mais doucement : j’ai rencontré comme prévu 3 membres potentiels mardi (étonnante absence de R. C. …), j’en ai discuté aussi avec Bacciochi. Je pense que maintenant c’est « à moi de m’y coller » sur l’Indre à partir des éléments dont je dispose.
Dimanche 17 janvier 2016
Je repense brièvement à cette discussion avec des collègues à propos d'Edouard Louis et Geoffroy de Lagasnerie. Le premier écrit des romans à succès, le second tient un séminaire qui fait parler de lui sans que la thématique en soit parfaitement claire, entre subjectivité et politique. Les deux semblent à la marge de la littérature et de la sociologie. Bref, je suis frappé en tous cas comme ils arrivent de fait à avoir une certaine diffusion et à occuper un espace que les sociologues académiques/universitaires ont dorénavant renoncé à occuper. J. se demande quant à lui si c'est un vrai problème, dans la mesure où ce qu'il appelerait la "sociologie spéculative" existe depuis longtemps.
Mercredi 20 janvier 2016
A l’heure où j’écris ces lignes dans l’Eurostar nous venons de sortir du tunnel sous la Manche. Je suis entouré d’asiatiques qui dorment, il est 7h30 du matin. Petit coup de fil à J-L. qui est tout surpris de cet appel matinal, ça a l’air d’aller de son côté.
En sortant de la gare qui dispose d’un café « Pain quotidien », des indiens et des gens qui parlent encore français, des sirènes d’ambulances, les voitures qui roulent à gauche, les petits buibuis et fast food qui proposent ham & eggs pour petit-déjeuner, les physiques d’anglais roux grands et costauds, les pounds, ma carte de banque qui fonctionne (1 livre = 1,33 euros d’après HSBC qui doit sûrement m’arnaquer), les rougeâtres ou grises maisons de briques, les odeurs de falafel, d’égouts, et de soudure, la cafétéria de la LSE, on y va quoi ! This is London, fucking guys
Lundi 25 janvier 2016
La tête complètement sous l’eau ces premiers jours londoniens …
Tuesday, 26th of January 2016
Le marché immobilier londonien est tendu, les chambres sont petites mais chères.
Première visite : bien située pas loin de la fac dans un quartier d’immigrés, mais la chambre minuscule, l’appartement dans un état lamentable, et la potentielle colocataire chinoise ne prend pas la peine de nous saluer lors de notre visite alors que le réchaud de la cuisine où elle fait cuire ses noodlesest très sale. 750 livres (soit 1000 euros), j’ai dit au type que c’était trop cher pour ce que c’était, il m’a répondu que c’était en raison de la bonne localisation mais qu’il avait d’autres chambres un peu moins chères.
Seconde visite : un peu loin dans un quartier sombre, un sympathique couple polonais gérant une maison individuelle en sous-main pour un concitoyen qui travaille à la clinique privée du coin. Une cuisine minuscule, trois petites chambres à l’étage, le type en train de finir une salle de bain mal refaite, un grand salon au rez-de-chaussée qu’ils ont transformé en chambre pour eux-mêmes, de manière à optimiser l’espace.
Troisième et dernière visite : Tonio un italien amical, philosophe et dragueur avec une de mes futures colocataires, la quarantaine et le crâne dégarni, un adepte de la « combinazione » sans chichi et sans stress qui m’en rappelle d’autres. Je me le mets assez rapidement dans la poche grâce à la bouteille de vin que j’avais amenée et à mon téléphone portable sans âge. Ce serait un beau personnage pour « comment faut-il la jouer ? », à condition de décrire tous les pas de côté et les entrejeux de notre interaction. La chambre est au dernier étage, honnête, « welcome to board » me dit-il lorsque nous nous quittons.
Thursday, 28th of January 2016
Ce soir, dîner dans un restaurant turc avec les autres doctorants du département. Une turque sympathique mais réservée, deux chinois qui n’ouvrent pas la bouche du repas, une serveuse du pays Basque espagnol qui trime, et tout le monde qui essaye de faire bonne figure. Quel ennui dans ces moments professionnels où personne n’ose se mouiller et prendre le risque de dire quelque chose d’osé, de drôle, ou de tranchant. On parle de la pluie et du beau temps, des manières d’optimiser son temps et ses méthodes de travail, et du dernier séminaire merdique auquel nous sommes allés. Quel gâchis occasionne la dynamique de groupe, alors que nous avons sans doute des intérêts en commun.