Dimanche 30 août 2015

Hier pour me changer les idées après cette semaine de reprise, je suis allé voir la pièce d'Armand Gatti "Le cheval qui se suicide par le feu" qui était pour l'occasion découpée en 5 épisodes d'une heure, chacun mis en scène par un réalisateur différent. La scène était périodiquement ornée de slogans parmi lesquels : "Il y en a qui s'occupent de la pluie et du beau temps, PAS NOUS", ou "Les élections sont des paradoxes qui se servent de grands mots - démocratie peuple nation république".

La pièce va d'épisode en épisodes de l'histoire gauchiste du 20ème siècle : Makno le révolutionnaire russe, la Rote Armee Fraktion (RAF) à Berlin, l'interrogatoire d'un dissident soviétique, la Guerre Froide.

 

Petite balade apaisante au parc de Sceaux en fin d'après-midi, conclue par un dîner avec R. et M. en terrasse d'un petit indien à côté de la gare du Nord. Une fête indienne avait manifestement eu lieu tout le week-end, il y avait beaucoup de gens dans les rues rendues piétonnes pour l'occasion, certains avec des habits traditionnels, d'autres faisant du commerce de tissus ou d'épices à même les trottoirs, le tout sous un ciel très orageux. Dans ce décors de film, la conversation a erré sur nos vies respectives et les impossibilités auxquelles nous confronte la donne immobilière à Paris.

Mardi 25 août 2015

Après être parti très tôt, arrivée à Paris par un petit temps frais pas du tout désagréable qui laissait augurer une belle journée.

Sur le plan du travail, elle le fut : j'ai bien enchaîné, entre les travaux de mise en page du texte sur E. y B., quelques idées pour mon cours, un peu d'écriture et de lecture.

Journée conclue avec la modeste satisfaction d'avoir bien travaillé, petit plaisir en somme, dont il ne faut pas abuser comme c'est mon cas.

Mais sinon le campus est désert, les copains n'ont pas encore rembauché, on m'a refilé une chambre avec un frigo bruyant que j'ai donc immédiatement coupé, mon mal au molet persiste, j'arrive juste à temps pour faire quelques courses au supermarché du coin.

Lundi 24 août 2015

Aujourd'hui préparatifs du départ pour Paris demain matin à l'aube.

Je suis allé à la piscine d'Argenton comme si c'était la dernière fois de ma vie, et j'ai à nouveau été frappé par la beauté de ce petit trajet maintenant bien connu, avec quelques haies perméables, la route qui découpe ou épouse les champs, les vaches blanches ou brunes, l'enchaînement des hameaux et des villages, un cimetière, le petit pont sous l'autoroute et celui sur la Creuse.

Samedi 22 août 2015

            Les vacances sont aussi le temps où on lit "tout ce qu'on n'a pas eu le temps de lire par ailleurs, tout ce qu'on ne lit pas pendant l'année mais qu'on pourrait/devrait lire si on en avait le temps". Comme bien lire équivaut pratiquement à écrire, ces carnets en résultent presque mécaniquement. Prendre le temps de "lire vraiment" est devenu rare dans ma vie d'apprenti enseignant-chercheur en sciences sociales qui m'amène déjà à lire beaucoup pour mon travail.

Hier donc lu l'allocution au nobel de Le Clézio, étonnamment ouverte sur le monde de la part d'un écrivain français, et questionnant les motifs et le statut de l'écriture, avec l'idée qu'on écrit toujours aussi peut-être par défaut de l'action. Libération (16/08/15) titre sur le revenu universel dont on entend de plus en plus parler sans trop y croire. El Païs (16/08/15), le journal du parti socialiste espagnol, ose encore publier des attaques en dessous de la ceinture contre le leader de Podemos Pablo Iglesias, avec une violence incroyable, lassante, et qui devrait leur faire honte.

Un petit cigarillo avant de reprendre "Esquisse d'une théorie de la pratique" de Bourdieu - un des nombreux textes de lui que je n'avais pas encore lui, je ne connais que quelques spécimens qui aient lu "tout Bourdieu", c'est une prouesse. Les mises en jonction qu'il ose sont incroyables, entre la philosophie et l'anthropologie, ils s'attaquent à de grosses questions sur la possibilité de production d'un savoir anthropologique, sur le don, l'apprentissage et le temps, les passations entre objectivité et subjectivité. Mais dans le même temps ses descriptions pourraient être plus rigoureuses et systématiques, et ses phrases moins alambiquées. C'est comme si personne n'avait relu ses textes et osé lui faire un retour critique, sur ce style inutilement ampoulé qui noie de géniales formules-choc. Bref, j'en parle maladroitement.

Plusieurs émanations/indices me laissent entendre que ça chauffe en Equateur où la présidence de Correa semble chahutée, avec l'expulsion d'une sociologue ou des manifestations qui traduiraient une perte de légitimité. Assiste-t-on à la naissance d'un régime dictatorial ou tout cela n'est que propagande ? A suivre, ça ne m'empêche pas de reprendre "Ecuador" de Henri Michaux auquel par un voyage il faudrait répondre.

Vendredi 21 août 2015

Aujourd'hui on peut dire que je me serai embauché : corrections et réécritures dans le texte d'E. et B. qui fait maintenant 130 pages et a pris un peu d'ampleur, plusieurs heures de lecture et d'annotations d'une thèse de doctorat que je n'arrivais pas à finir (Fanny Bugeja).

Journée de transition en vue du prochain transbahutage à Paris pour le mois de septembre, et donc des préparatifs qui me font braire.

Jeudi 20 août 2015

            Parfois les cheminements politiques mêlent aux fièvres et aux volontés des raisons très pragmatiques, matérielles, basiques : des leaders de mai 68 insomniaques qui arrivaient donc de fait aux fins d'assemblées où se prennent les décisions, la bourgeoisie parisienne de cravate ou de toge qui ne peut pas comprendre qu'en prévenant d'événements trois jours à l'avance elle envoie de fait les provinciaux dans les cordes, les riches qui se payent d'évidence des avocats, des chargés de communication, des lobbying avec leurs gros sous quand d'autres ne le peuvent pas, l'abstention dont une étude récente montre qu'elle est pour une large part due simplement à la non-inscription sur liste électorale (déménagement, papiers administratifs, pas de première inscription automatique pour les étrangers, etc).

Et je m'arrête là pour ce matin, parce que sinon la journée risque de partir d'un trop mauvais pied et d'être gâchée.

Mercredi 19 août 2015

            Contraste frappant hier à Lussas entre les films d'un Marc Karlin le matin et le "Magna Graecia – Europa Impari" (Anita Lamanna & Erwan Kerzanet) du soir.

Les premiers étaient pleins de la finesse et des interrogations politiques de ce "Marker anglais" sur la révolution sandiniste au Nicaragua (1980-1990).

Le second était beaucoup plus propre techniquement mais naïf idéologiquement, prenant grossièrement des partis pris féministes en faveur des femmes, progressistes en faveur des immigrés, et bien-pensants à propos de la mafia locale qu'il faudrait à tout pris éradiquer pour laisser place aux règles capitalistes "légales". Mais pour qui se prend ce procureur avec son grand bureau et ses grosses bagnoles pour faire la morale aux calabrais et ramener la mafia à des questions d'honnêteté et d'éducation plutôt que d'économie et de luttes de pouvoir ?

Bref, j'ai pris calmement la parole pour soulever la question mais j'ai tout de suite senti que c'était peine perdue : encouragés par les deux présentateurs qui semblaient planer très loin sur une autre planète, ils ont continué à dire qu'au fond avec ce film ils avaient simplement voulu "laisser le monde s'exprimer" comme si de rien n'était. A des milliers de kilomètres d'un Marc Karlin avec sa caméra tremblante et ses incessants doutes politiques qui s'étirent sur plus de 10 ans de films sur le Nicaragua.

            Deux constats clairs lors de ces visions de films : premièrement l'importance de prendre le temps de regarder le monde filmé en dehors de l'oeilleton de sa caméra et de réfléchir à comment on veut le filmer, deuxièmement penser à tout prix l'harmonie du ton et du dispositif de tournage tout au long du film. Deux choses élémentaires que j'ignorais lorsque nous filmions à brûle pourpoint en Tunisie et qui m'apparaîssent de plus en plus clair.

 

Il a fallu que je passe rapidement en revue toutes mes bribes de notes depuis le semblant de reprise de ces carnets à l'été 2014. Idiote circonvolution moyennement rassurante : ils sont là mais transcrivent plutôt d'inintéressantes turpitudes de la vie que les joies et les étonnements. Ils sont trop plaintifs et égocentriques, faute de temps pour faire des descriptions lumineuses et bien calées qui s'y sont faites (trop) rares. En un mot, ils manquent de sobriété.

PARLER DES MOMENTS DE JOIE : LA CORRIDA, MA VIE AVEC RAFA ET DIANA, LA DANSE, LES AMIS, LES RENCONTRES, LES DÉCOUVERTES SCIENTIFIQUES OÙ LA BALLE TOMBE AU BON ENDROIT APRÈS DES MOIS D'AVANCEMENT IMPERCEPTIBLE

Mardi 18 août 2015

            Revu pour la troisième ou quatrième fois "Scènes de chasse au sanglier" de Claudio Pacienza, toujours autant dans la métaphysique et la métaphore extrême, à la fois dans la recherche et dans la maîtrise, la précision parfaite qui prend le spectateur par la main tout en le laissant flâner.

Au fond on pourrait voir ces quelques jours de suspension comme une accumulation d'énergie pour la rigueur et le tempo qu'il va falloir tenir dans les semaines à venir.

Lundi 17 août 2015

Sacré Pablo Correa Président de l'Equateur: le pays traverse une crise économique sans précédent à partir de 1996 conduisant à l'écroulement de la monnaie (passage au dolar US en 2000) et au blocage des comptes bancaires (le "corralito"), ce qui amène une grande vague d'émigration d'équatoriens en Espagne où ils travaillent quelques années. Les femmes dans les services à domicile comme employée de maison et les hommes dans le boom de la construction immobilière. Ils connaissent alors une relative prospérité : le maçon de base en 2006 à 50 heures/semaine est payé 600€ officiellement et 1800€ au total. Ils envoient beaucoup d'argent au pays, s'achètent un appartement ici en Espagne, prennent des photos lors de leur visite à Disneyland-Paris qui sont toujours au mur du salon, et connaissent des tensions de couple liées à la liberté qu'ils connaissent en Espagne par rapport à la  société équatorienne encore très traditionnelle et religieuse.

Tout cela avant ... d'être en première ligne de la montée du chômage à partir de 2008 et de ne plus pouvoir payé leurs crédits immobiliers d'au moins 150 000 euros ... en gage desquels ils avaient notamment donné leur maison en Equateur.

Il n'y a donc même plus de travail au noir en Espagne, le chômage des étrangers explose, réelle impossibilité de payer le crédit, d'où des défauts de paiement en série. Certaines banques espagnoles commencent à saisir les maisons (des parents ?) en Equateur, ce qui a dû donner lieu à de sacrés scènes !).

En Espagne les immigrés équatoriens sont à la rue et se remettent à vivre à 15 dans de petits appartements comme lors de leur arrivée sans papier.

 Que fait alors Correa ? Il met une loi interdisant à toute entité financière étrangère de faire préemption sur les biens immobiliers sur le sol équatorien ET il envoie dans chaque consulat espagnol régional des avocats chargés de conseiller les immigrés équatoriens (pour ceux qui n'ont pas encore été liquidés de leur logement) dans la négocation de leur dette avec les banques espagnoles : les immigrés équatoriens vont voir leur banque en disant "soit vous me faites un loyer social à 50€ par mois, soit voici mes clés et vous restez avec la dette sur les bras pendant que je retourne en Equateur". Les banques négocient.

Très bel exemple d'une politique publique simple, efficace, un Etat qui appuie ses citoyens.

De là à démêler les conséquences de ces bouleversements économiques brutaux sur les familles immigrées (expérience pendant un temps de la consommation européenne puis pauvreté extrême, implosion des couples dans les deux configurations, abandon de la pratique religieuse, conditions de travail à la limite de l'esclavage, les enfants très perturbés, etc), il y a un pas ... qui mériterait une thèse de doctorat !

Dimanche 16 août 2015

            Ce n'est pas encore la rentrée, mais les prémisses de la fin des vacances se font déjà sentir : l'autoroute des retours surchargée hier matin en amenant ma cousine à une pompe à essence pour qu'elle soit prise en stop, les derniers départs de ceux qui n'ont pas pu se payer de vacances plus longues, le retour à Paris qui s'approche dangereusement.

Demain départ en vacances quelques jour afin de m'évader un peu de cette impression de ne jamais arriver au bout de ce texte travaillé depuis maintenant presque 3 mois.

Déposer A. à la gare d'Argenton hier soir a mis fin à son séjour avec T. d'une dizaine de jours à Chassingrimont pour regarder les rushes de son film en Grèce. Je suis heureux d'avoir eu le temps de les voir régulièrement, au café du matin, au sandwich du midi, et au dîner du soir. Difficile de dire ce que va donner ce film car je n'ai vu aucun rush et quand A. en parle c'est plutôt au sujet de la logistique que de ses intentions et lignes de force cinématographiques. Qu'il se plante ou qu'il aille à Cannes, dans les deux cas il ira avec mon soutien, mon estime, et mon amitié. Quant à T., je la vois grandir et mûrir avec une belle vivacité et avec le souci d'être juste, dans son travail, dans ses relations, dans la conduite de sa vie en général.

Lundi 10 août 2015

            Cela fait maintenant plusieurs jours que maman et moi travaillons sur un document de travail pour ma thèse que j'ai soumis à son regard critique. Elle s'y est mise avec ardeur et relève beaucoup de scolies rédactionnelles : des compléments de temps mal placés, des phrases plus ou moins alambiquées, quelques incohérences. C'est fou comme ces changements soulagent certaines phrases mal pondérées/balancées.

L'idée est de "prendre le lecteur par la main". Or je me suis rendu compte, lors de cette relecture avec elle, que rendre un texte fin et léger implique d'indiquer fermement au lecteur des lignes de force et des grandes articulations claires. Faire cela ne veut pas dire renoncer à la finesse, mais plutôt éliminer d'emblée une série de pistes non-désirées pour mieux amener le lecteur à la complexité. Cela suppose de trouver un tempo adapté, passant là rapidement et plus longuement ici, de repérer et souligner les points qu'on veut faire passer, et de s'interroger sur les ambiguités qui dans une première version ne manquent pas de pulluler - raison pour laquelle est si précieux un lecteur extérieur qui a beau jeu de les relever.

Sa lecture me ramène à la difficulté de concilier analyse sociologique et langage ordinaire, et combien produire un texte à la fois facile d'accès et bien charpenté relève de la gageure : les phrases qui ploient sous une pesanteur pseudo-théorique, les écarts de sens entre les acceptions sociologique ou ordinaire de certains mots, la fausse évidence de certains termes qui en fait ne vont de soi que si on lit des sciences sociales tous les jours comme c'est mon cas.

Mais quand, le soir, je me replonge dans Esquisse d'une théorie de la pratique de Pierre Bourdieu, je suis frappé comme lui aussi se débat dans ces difficultés. Texte ample que je n'avais jamais lu, d'une centaine de pages qui me frappent par leur densité et les nombreuses références qui les irriguent. Sachant qu'il ne cite vraisemblablement que la moitié des auteurs auxquels il pense, c'est d'autant plus impressionnant.

J'ai renoncé à lire de manière approfondie les textes de recherche que j'ai amassés sur les changements politiques en Grèce. Je les rassemble au fur et à mesure que je les trouve et je verrai bien.

Dimanche 9 août 2015

Mum a décidé de faire une brocante, pour "gagner un peu d'argent et se débarasser de vieux objets qui traînent" style quelques tableaux, plats et casseroles de l'ancien gîte, cartes postales, une ou deux antiquités.

Résultat : on peut à peine rentrer dans notre salon où tout s'est accumulé depuis une semaine, je l'ai suivie pour exercer ou non mon droit de regard sur les objets que je voudrais qu'on garde, et déplacer puis enfin charger les caisses.

 

J'ai vu R., la communication est difficile, comme si nous n'avions plus rien à échanger, ni complicité, ni sentiments, ni évasion.

 

Journée en apesanteur à cause du manque de sommeil

Jeudi 6 août 2015

            Hier discussion avec Antoine, qui a l'air très convaincu du problème de la souveraineté, auquel renvoient selon lui les votes autant de Syriza que du FN.

Durant ce séjour, nous aurons largement discuté et blagué des affres de la création que, dans des styles différents, lui et moi rencontrons en ce moment. C'était chouette de se revoir après cette année de lui en Grèce et moi en Espagne.

Mercredi 5 aout 2015

            Visite du jour à la piscine qui pourrait tourner à l'ode : les plongeons et les plongeurs amusés ou maladroits, les athlètes qui enchaînent les longueurs, les corps d'un bel âge, ceux qui passent leur temps jacuzzi ou se prélassent dehors au soleil, les handicapés, les yeux écarquillés des enfants, leurs parents qui les surveillent, les nettoient, les sèchent. Si j'avais des enfants, autant je ne m'occuperais pas de leur suivi scolaire autant je les emmènerais à la piscine.

Journée obscurcie par une pénible confrontation avec mon père. Nous ne trouvons pas la sortie de l'impasse.

Samedi 1er aout 2015

            Hier en rentrant de l'entraînement j'ai entendu le poète Yves Bonnefoy à la radio, de sa voix forte et lente (la mise en page ci-dessous, selon uniquement d'après ses intonations, n'est probablement pas tout à fait exacte) :

"

Génie

 

Il est l'affection et le présent

puisqu'il a fait la maison ouverte

à l'hiver écumeux

et à la rumeur de l'été

Lui qui a purifié les boissons

et les aliments,

lui qui est le charme des lieux fuyants

et le délice sur-humain du station (?)

Il est l'affection et l'avenir,

la force et l'amour que nous

devons dans les rages et les ennuis

nous voyons passer dans le ciel de tempête

et les drapeaux d'extase

 

Il est l'amour, mesure parfaite et réinventée,

raison merveilleuse et imprévue,

et l'éternité, machine aimée des qualités fatales

Nous avons tous eu l'épouvante

de sa concession et de la nôtre,

ô jouissance de notre santé,

élan de nos facultés,

infection égoiste,

et passion pour lui,

lui qui nous aime pour sa vie infinie,

et nous

nous le rappelons

et il voyage

Et si l'adoration s'en va sonne sa promesse, sonne,

arrière ces superstitions,

ces anciens corps,

ces ménages et ses âges,

c'est notre époque qui a sombré,

il ne s'en ira pas,

il ne redescendra pas d'un ciel,

il n'accomplira pas la rédemption des colères de femme

et des gaités des hommes

et de tout ce péché car

c'est fait, lui étant, et étant aimé,

ô ces souffles,

ses têtes,

ses courses,

la terrible célérité

de la perfection des formes et de l'action,

ô fécondité de l'esprit et immensité

de l'univers,

son corps

le dégagement rêvé,

le brisement de la grâce

croisée de violences nouvelles,

sa vue,

sa vue

tous les agenouillages anciens et les peines relevées,

à sa suite,

son jour d'abolition de toutes souffrance sonore

émouvantes dans la musique plus intense,

son pas est migration plus énorme

que les anciennes invasions,

Oh lui et nous, l'orgueil plus bienveillant que les charités perdues,

ô monde et le chant clair des malheurs nouveaux,

il nous a connu tous,

il nous a tous aimé,

sachons

cette nuit d'hiver de cape en cape,

du pôle tumultueux au château,

de la foule

à la plage,

de regards en regard,

forces et sentiments las,

le héler et le voir

et le renvoyer

et sous les marées et au haut des déserts de neige suivre

ses vues,

ses souffles,

son corps,

son jour

"

 

Et Pierre Michon qui enchaîne dans cette émission en fait consacrée à Rimbaud :

"C'est une espérance extraordinaire, il y a vraiment tout le divin, jetté en avant, porté en avant comme s'il y avait un corps, une possibilité, c'est au-delà

de ce qu'on penser d'un texte

c'est la force, c'est la force en marche, c'est très rare en littérature, c'est extrêmement rare

les prophètes dans l'ancien testament, ou ... "

 

Je le consigne ici par mémoire, mais l'entendre dire était plus beau que de lire le texte après coup.

Vendredi 14 août 2014

            Aujourd'hui comme presque chaque année depuis 10 ans je suis passé au repas des ouvriers de J-L. qu'ils font deux fois par an pour célébrer les vacances : arrêt de la journée à midi, course pour savoir lequel sera le premier à lever le verre de l'apéro, passer à table vers 15h, finir rôtis vers 19h. J'y ai revu B. qui attend un nouvel enfant, son troisième, une fille. Il me dit que dans le coin le secteur de la construction est en crise, mais que "nous, pour l'instant, on a toujours du travail, ça on peut pas dire...". J'ai parlé avec J-L. aussi qui m'a raconté l'importance de finir plusieurs chantiers avant de partir en vacances, de manière à pouvoir amener les factures aux clients au retour - c'est mal vu de donner la facture le chantier à peine fini. Il m'a aussi raconté comment il concevait les vacances (ils partent demain en Andalousie), 15 jours de l'année durant lesquels exceptionnellement il se lève tard, lit chaque jour l'Equipe, fait son petit tour de courses et prépare le déjeuner pendant que les femmes sont à la plage. 15 jours quotidiens de L'Equipe lui permettent d'anticiper les résultats sportifs de l'année à venir, et il repère dans les restaurants locaux des idées qu'il pourrait importer ici. Autrement, il n'arrête pas complètement, il allège - on pourrait analyser plus avant ce que révèle ce genre de changement. Nous avons échangé d'autres choses, mais qui resteront entre nous.

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  • « Je m'appelle Pit, alias Corto Jardenn Bonaventure, j'ai fait beaucoup d'études et puis j'en ai eu marre, alors j'ai fait une pause avant de reprendre - histoire de m'interroger encore un peu. Entreprise ratée ou réussie, je ne sais. Je suis jeune, avec tout ce que ça suppose de parti pris, d'audace, de certitudes absolues, de désarroi, et de ratés. »